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Interview dans Blues Magazine de mars 2021

1- Bonjour Mingo, c'est incroyable de pouvoir discuter avec un artiste qui a autant roulé sa bosse. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

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Je joue de l'harmonica professionnellement depuis 1986, à l’époque où nous avons fondé notre premier groupe de blues « Caledonia Blues Band », qui a 5 CD à son actif. En 1994 nous avons eu l'occasion, je devrais dire la chance, de voyager aux États-Unis et de jouer, entre autres, à Chicago au Buddy Guy's Legend. Cela nous a donné l’occasion d' accompagner Charlie Musselwhite et d’être le lever de rideau de nombreux grands noms de la scène blues tels que Johnny Mars, Hubert Sumlim, Louisiana Red, Otis Rush, Magic Slim et Johnny Winter, dans leurs tournées en Espagne.

Nous nous sommes officiellement dissous en 1996. Cela ne nous a pas empêché de nous retrouver sporadiquement pour jouer en Espagne entre 2001 et 2012. Et surtout en juillet 2019 au Festival international de blues de Cazorla, pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire d’un concert mémorable à ce même festival.

À la suite du Caledonia Blues Band, j'ai formé deux autres groupes qui n'existent plus, "Blues Machine" et "Blues Blasters" avec lesquels j'ai enregistré un CD. C’est à cette époque, en 2002, que je me suis mis aussi au chant.

Aujourd'hui, je fais partie de plusieurs groupes stables et, parallèlement, je travaille en indépendant avec les musiciens de blues les plus prestigieux d'Espagne et d'autres pays, ce qui m'a permis de jouer dans de nombreux concerts et festivals de blues dans plusieurs pays dont les États-Unis, le Luxembourg, le Mexique, la Bulgarie, la Géorgie, la France, le Portugal, l'Allemagne l'Indonésie, et j’en passe.

Durant tout ce parcours, j’ai, à ce jour, enregistré 17 CD.

 

2- Ton dernier album s'intitule « Blue Shadow ». Peux-tu nous en dire quelques mots ?

Oui, c’est ma dernière création. J'ai composé dix des morceaux de l'album pendant le confinement dû à la Covid. J’y ai ajouté la reprise de "Early in the morning" de Louis Jordan parce qu’il me plaît depuis toujours.

Mon intention était d'enregistrer un CD avec le plus grand nombre possible de musiciens, en comptant sur ceux avec lesquels j'ai joué tout au long de ma carrière musicale, qu’ils soient bassistes, batteurs, pianistes, guitaristes, etc. Mais je me suis rendu compte que c'était un projet très compliqué tant le plan économique que logistique. J'ai donc décidé de réunir les musiciens avec lesquels j'ai joué plus récemment et dont je savais qu’ils s’identifieraient à mon projet.

À la guitare, deux noms se sont logiquement imposés, Pablo Sanpa de Madrid et Carlos Moreno de Séville. Paul San Martín, pianiste, vient de Saint-Sébastien. Oriol Fontanals le contrebassiste, vient de Catalogne et le batteur Guillaume Destarac est parisien. À cela s’ajoute la collaboration spéciale du saxophoniste Alain Sancho qui vient de Bilbao.

Ce travail était un vrai bonheur. J'ai pu sélectionner et réunir les différents types de blues auxquels je m'identifie. Je suis profondément reconnaissant envers les musiciens pour leur grand professionnalisme. L'enregistrement s’est déroulé le plus naturellement du monde et nous avons eu beaucoup de plaisir à enregistrer ensemble, c'était une belle expérience.

 

3- Tu es un harmoniciste de renom qui aime le Blues festif. Est-ce dû à tes origines Espagnoles ?

Je ne sais pas vraiment si cela est dû ou non à mes origines espagnoles. Mais oui, j'aime le blues festif et plus généralement, celui qui s’amuse, tant dans la musique que les paroles. J'aime surtout les blues qui ont un contenu "épicé" à double sens (c’est leur essence), la nourriture et la cuisine, et bien sûr, l'amusement et la fête.

Ce que j'aime le plus, c'est quand je peux offrir un "spectacle" en direct avec beaucoup d’énergie et de plaisir.

 

4- Sur chacun de tes albums, tu t'associes avec des musiciens d'une grande qualité. Pourquoi ce choix ? Et pourquoi ne pas remonter ton propre groupe aujourd'hui ?

J'ai toujours aimé m'entourer de musiciens qui connaissent le langage du blues. Ce qui, pour moi, est fondamental et important c’est de connaître le langage, bien avant la virtuosité. Alors, si en plus, les musiciens ont de l'expérience et sont bons, c’est la cerise sur le gâteau.

Actuellement, je fais partie de 8 groupes stables ainsi que de différents projets musicaux, Je n’en citerai que quelques-uns. Vous pourrez obtenir plus d’informations via mon site web personnel www.mingobalaguer.com.

  • Mingo & The Blues Intruders avec trois CD et une nomination aux European Blues Challenge 2012 (Berlin).

  • Mingo-Coloma-Simón Blues Express avec 1 CD.

  •  Mingo-Sanpa & Bárez bros. avec 1 CD et une nomination European Blues Challenge 2021 (Pologne).

  •  Tia Carroll & Mingo-Coloma-Simón Blues Express, avec l'extraordinaire chanteuse américaine Tia Carroll, nous avons eu l’occasion de tourner en Espagne dans de nombreux festivals de blues depuis 2017.

  •  Blues Train avec 2 CD.

  •  Devil's Harp Attack.

  •  Blues Triumvirate.

  • et enfin Mingo Balaguer & The Red Hot Playboys avec le projet de terminer un enregistrement CD pour 2021.

 

5- Tu es en ce moment en tournée en France. Comment se passe celle-ci ?

Eh bien, la vérité est que les choses ne se sont pas du tout mal passées. Il est vrai que certains événements et festivals programmés ont été annulés et que la capacité des concerts a dû être réduite à cause de ce cauchemar appelé Covid. Mais personne n'est à blâmer pour cela, c’est juste la faute à pas de chance. J'ai passé un bon moment et je me suis amusé, c'est ce qui est important, il faut toujours être positif.

 

6- Pour cette tournée nationale, tu as choisi des musiciens Français. Peux-tu nous les présenter et nous dire pourquoi eux ?

J’ai effectivement eu la chance de jouer avec de fantastiques musiciens .Mais, à la vérité, je ne suis pour rien dans leur choix. Jean-Michel Hernandez, qui vit en France et avec qui je partage une grande amitié depuis plus de 12 ans, est à l’origine de ce magnifique groupe que nous avons nommé "The Heartbeats".

Jean-Michel est un grand fan du blues. Nous nous sommes rencontrés au festival Rock & River Blues à Puente Genil en Espagne et depuis quelque temps il avait en tête de me faire venir en Touraine, où il vit, pour que je sois connu en France.

Du coup, il a contacté municipalités, salles de concerts et festivals pour essayer de me faire venir. Le projet a démarré avec le guitariste de blues tourangeau Pierre-Louis Labonne qu’il appréciait tout particulièrement. Celui-ci a contacté un grand bassiste nommé Antoine Escalier, qui a contacté le batteur Hugo Deviers.

Nous devions jouer dans quelques concerts et festivals en juin mais ils ont été annulés du fait de la Covid. Mais en octobre nous avons pu donner 6 concerts.

Pour des raisons de calendrier, Hugo Deviers n'a pas pu jouer tous les concerts. Heureusement, nous avons eu la chance de nous offrir les services de trois autres batteurs : Guillaume Destarac, que je connaissais déjà et qui a participé à l'enregistrement de mon dernier album "Blue Shadow", Fabrice Bessouat et Jérôme Henry.

Je suis très heureux de pouvoir compter sur tant de grands musiciens et amis avec lesquels nous travaillons déjà pour de futures tournées en France dans les années à venir, et je tiens à remercier personnellement Jean-Michel pour tout le travail qu'il fait de manière désintéressée pour que cela soit possible.

 

7- Tu as joué un peu partout dans le monde et avec beaucoup d'artistes de légende, comme Johnny Winter, Charlie Musselwhite ou Magic Slim. Quel sont tes meilleurs souvenirs ?

Comme je l'ai déjà dit, j'ai eu l'occasion de jouer dans de nombreux festivals avec de grands artistes et d’être le lever de rideau de beaucoup d'entre eux comme par exemple Johnny Mars, B.B. King, Johnny Winter, Hubert Sumlim, Louisiana Red, Otis Rush. J’ai aussi eu le bonheur de participer à des jams ou de jouer avec des artistes tels que Charlie Musselwhite, Carey Bell, Gary Primich, Sugar Ray Norcia, Kenny Neal, J.R. Mischo, Bruce Ewan, Bobby Radcliff, Charlie Sayles, Paul Lamb, Jerry Portnoy, Sherman Robertson et Lurrie Bell, entre autres. Mes meilleurs souvenirs remontent à l'époque où le Caledonia Blues Band était le groupe qui accompagnait Charlie Musselwhite en 1992. J'ai également de très bons souvenirs lorsque j'ai partagé la scène avec le grand Carey Bell à Séville et je n'oublierai jamais l’énergie et le talent d'Otis Rush lorsque nous avons joué ensemble en 1995 au Festival de Blues de Cerdanyola del Valles et au Festival Rebel '95 de Palma de Majorque.

 

8- As-tu quelques anecdotes à nous raconter à ce sujet ?

Les meilleures anecdotes dont je me souvienne sont, par exemple, d'avoir invité Charlie Musselwhite chez moi pour répéter le concert du lendemain. Charlie est un homme plein d'humilité et d'une grande qualité humaine, une personne formidable. Je me souviens aussi très bien de l'époque où je suis allé boire un verre à Grenade avec Magic Slim, John Primer et le reste de son groupe The Teardrops en 1993, c'était des moments très drôles. Et je n'oublierai jamais le moment où j'ai interviewé Carey Bell et commenté des anecdotes sur les bluesmen de l'époque, tout en mangeant un bon steak avec des pommes de terre et une bouteille de vin.

 

9- Y a t'il un artiste Français avec qui tu aimerais partager la scène ?

En fait, je serais prêt à partager la scène avec n'importe quel musicien de blues français, tout comme j'ai partagé la scène avec des musiciens de blues du monde entier. Le blues est un langage international et bien que nous sachions tous que le blues est une expression musicale d’esclaves des États-Unis d'Amérique, principalement originaires de la côte ouest de l'Afrique, j'ai rencontré de grands musiciens de blues dans le monde entier.

 

10- Que penses-tu du Blues en France ?

Je pense qu'en France il y a un très haut niveau de musiciens de blues, par exemple j'ai été impressionné par ceux avec lesquels j'ai joué entre septembre et octobre de cette année, Pierre-Louis Labonne, Antoine Escalier , Hugo Deviers , Fabrice Bessouat, Jérôme Henry, et, parce que je le connaissais déjà, Guillaume Destarac qui est vraiment spectaculaire.

En tournée en Bulgarie, j'ai eu l'occasion de rencontrer et de partager la scène avec Cisco Herzhaft et j'ai adoré, c'est un grand bluesman. J'ai aussi rencontré il y a plusieurs années Big Dez que j'aime beaucoup. En 2018 au festival de blues de Hondarribia, j’ai découvert Awec que j’ai vraiment aimé. Je connais aussi le grand batteur Pascal Delmas et bien sûr les magnifiques harmonicistes Jean Jacques Milteau, Nico Wayne Toussaint et Marko Baland. Je suis sûr qu'il y en a beaucoup d'autres que je n'ai pas encore eu le plaisir de rencontrer, j'attends cela avec impatience.

 

11- Comment trouves-tu le public Français ?

J'ai trouvé ça génial. Partout où j'ai joué, le public a été incroyable bien que le nombre ait été réduit en raison des mesures de sécurité établies. En France, il y a toujours eu beaucoup de soutien à la culture et on peut voir des gens de tous âges aux concerts qui s'amusent, j'espère voir dans les années à venir les salles pleines de monde, quand ce cauchemar du covid sera terminé, ce sera incroyable.

 

12- J'ai pour habitude de terminer mes interviews en vous laissant la parole. Alors si tu as quelque chose à dire à nos lecteurs, c'est maintenant.

J'aimerais profiter de cette occasion pour remercier « Blues Magazine » qui fait tant pour faire connaître cette musique que j'aime, et tout particulièrement Christophe Leboeuf et Franck Deschamps qui s'intéressent à ma musique.

Le travail effectué par les media tels que les magazines, les stations de radio, les associations... pour diffuser le blues, qui est une musique minoritaire, est très important pour le maintenir en vie, et surtout pour nous les musiciens, ce qui nous permet de diffuser notre musique à travers le monde.

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